Je ne supporte plus que mes proches m’aident, mon proche ne supporte plus que je l’aide
Le cancer bouscule le quotidien et peut inverser les rôles. De personne indépendante, on devient dépendant de l’aide de ses proches, des soignants, d’autrui, pour « fonctionner » au quotidien. Trouver un nouvel équilibre dans les relations n’est pas simple et peut générer frustration et colère, jusqu’à ne plus supporter l’aide qu’on nous offre.
Quand le cancer fait irruption, la vie s’en retrouve bouleversée, que l’on soit patient ou aidant. Le rôle de chacun devient flou, les besoins individuels changent et, bien souvent, le rythme précipité des examens, du diagnostic, du début des traitements et des décisions à prendre viennent accentuer ce sentiment de chamboulement profond.
Pour le patient, cela peut rapidement devenir difficile à vivre, car passer du statut de personne en bonne santé à celui imposé de malade souffrant d’un cancer, avec ses examens, rendez-vous médicaux, traitements, voire chirurgie(s), peut être très lourd pour le moral. Cela fait beaucoup d’un coup et il faudra du temps pour appréhender ce changement soudain et brutal de l’image que l’on a de soi.
Réciproquement, le regard que les autres posent sur la personne change dès lors qu’ils savent qu’elle est malade. C’est une réaction humaine, mais qui peut être lourde à porter. Il faut alors tâcher de garder en tête que c’est un changement temporaire, le temps des traitements.
Pour les proches aussi, cette nouvelle soudaine peut faire l’effet d’une bombe et peut être source de beaucoup d’inquiétude, de tristesse, de colère, d’un sentiment d’injustice profond à ne pas comprendre « pourquoi », voire de culpabilité dans le cas où les enfants sont malades.
De ce fait, le cancer peut impacter les relations que l’on a tissées autour de soi. En être conscient peut permettre de trouver des moyens pour les préserver, dans un climat réconfortant, pour vous autant que pour les autres. Certains non-dits peuvent entraîner des frustrations menant à ne plus supporter l’aide de l’autre, mais vous avez tout à fait le droit de ne pas vouloir tout partager. Vous êtes libre de choisir ce que vous souhaitez dire, ou non, à votre entourage.
On a annoncé un cancer à un proche A TOUT MOMENT
Je suis inquiet, stressé, anxieux Je ne reconnais plus mon corps
je ne supporte plus que mes proches s’occupent de moivoir plus
Le cancer provoque des effets sur l’ensemble du quotidien du patient : scolarité, vie professionnelle, personnelle, couple, intimité peuvent être plus ou moins perturbés. Cela peut provoquer des réactions et émotions diverses, pouvant varier très souvent au cours de la journée et selon l’étape du parcours de soin.
De fait, les relations avec l’entourage peuvent être impactées, voire profondément modifiées. Chacun vit différemment le désarroi de l’autre et peut culpabiliser. Pour autant, chacun est amené à souffrir des malentendus, maladresses, quiproquos, frustrations causées par cette situation. S’il est possible en temps normal, par l’affection partagée avec ses proches, de dépasser ces moments difficiles ensemble, certaines difficultés peuvent s’avérer plus complexes à surmonter.
Être très entouré, se sentir couvé, voire materné, que vos proches fassent tout, ou presque, à votre place (la cuisine, le ménage, les courses, la toilette…) sont autant d’éléments qui peuvent, en s’accumulant, vous peser et vous pousser à ne plus le supporter. Amener un dialogue avec vos proches peut être bénéfique. On peut se sentir à l’aise et apprécier que l’on nous vienne en aide pour certaines choses, mais pour d’autres, on préférera essayer de se débrouiller seul. Pour vos proches, c’est « naturel » de vous proposer de l’aide car ils veulent bien faire. Aussi, à vous de bien leur expliquer pourquoi vous ne voulez pas de leur aide sur telle tâche.
Lise 23 ans, en rémission d’un sarcome diagnostiqué en 2014 récidivant en 2017
Repousser l’aide qu’on vous propose est alors une possibilité qui peut s’exprimer, plus particulièrement sous le coup de la colère, de la fatigue, de la douleur, de l’exaspération… Pouvoir exprimer les choses clairement et posément avec ses proches peut permettre de désamorcer des situations tendues.
Par un accompagnement psychologique, il est alors possible d’exprimer à la fois ses ressentis, ses frustrations et ses besoins, pour en prendre conscience et trouver les mots pour les exprimer à ses proches. Également, participer à un groupe de parole entre patients, par le biais notamment d’associations de patients, peut vous permettre de prendre du recul sur votre propre vécu, vous sentir moins seul et identifier ensemble des solutions possibles à votre situation. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter notre page J’ai besoin de parler. Trouver une activité physique adaptée ou un soin de support adapté à vos besoins peut vous permettre de vous défouler et de vous sentir mieux, apaiser le mental par le corps.
Lise, 23 ans, en rémission d’un sarcome diagnostiqué en 2014 récidivant en 2017
Lorenzo, 24 ans, en rémission d’une tumeur germinale diagnostiquée en 2017
quelle est la bonne place à adopter en tant qu’aidant ?voir plus
Le rôle d’aidant n’est pas simple à appréhender car aucun guide n’existe à ce jour pour expliquer précisément comment se comporter avec un proche malade. Quelle est la bonne attitude à adopter ? Comment se comporter pour être avenant, encourageant, sans être étouffant ou maladroit ? Car il y a à la fois la volonté d’aider l’autre, tout en gérant son vécu personnel de la maladie de son proche, mêlé à des sentiments parfois contradictoires, d’inquiétude et d’amour.
Colette, 58 ans, guérie d’un cancer du côlon diagnostiqué en 2004 et 2 fois récidivant
Il est possible que vous fassiez des erreurs, que vous soyez maladroit dans vos propos – même le fameux « salut, ça va ? » spontané peut être inadapté, tout comme la réflexion « ne t’inquiète pas, ça repoussera vite » quand son proche perd ses cheveux peut être mal reçu par le patient. Ce sont des petites phrases automatiques, ou bien des manières de s’auto-rassurer, de se dire qu’il y a des changements mais que ce n’est pas définitif. C’est humain. Mais cela peut avoir l’effet inverse de celui escompté.
Votre proche malade n’a pas forcément les mots pour partager ce qu’il vit, ressent, ou ce dont il a besoin. Cela peut aussi être valable pour vous, qui ne souhaitez pas trop savoir ce qu’il en est. Ces situations sont communes, il ne doit pas y avoir de jugement concernant les réactions car chacun a des besoins et capacités différentes. Aidant et patient souffrent tous deux mais ne vivent pas la même chose, et il n’est parfois pas simple de se mettre à la place de l’autre.
Jean-Marc, 63 ans, conjoint de Nadine décédée d’un cancer du rein métastatique à 52 ans après 2 ans de traitement
Ne pas hésiter à poser la question : « Veux-tu que je t’aide ? ». Et de pouvoir ajouter « Si j’en fais trop, dis-le-moi. Je souhaite simplement t’aider ». Ouvrir un échange permettra à votre proche malade d’exprimer ce dont il a besoin et comment vous pouvez l’aider, s’il le souhaite. Veillez à respecter ses choix et ses envies qui peuvent fluctuer selon son état d’esprit et de santé. Il s’agit d’apprendre à composer avec le fonctionnement de chacun, pour trouver un juste équilibre pour tout le monde. Et cela n’est pas immédiat, cela peut prendre du temps.
Un accompagnement psychologique peut vous permettre d’exprimer votre vécu personnel, vos ressentis et inquiétudes, pour être plus disponible ou moins présent quand vous êtes avec votre proche malade. Le professionnel pourra vous aider à trouver les mots et la juste place que vous souhaitez avoir par rapport à votre proche malade. Des associations existent pour les aidants, pour vous permettre d’échanger entre pairs au sein de groupes de parole. Cela peut être une manière de vous sentir moins seul dans votre rôle d’aidant, d’entendre d’autres témoignages d’aidants et, d’ensemble, trouver des solutions adaptées à vos situations respectives. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter notre page J’ai besoin de parler.
Denis, 66 ans, guéri d’un cancer du rein diagnostiqué et opéré en 2007
Publication : octobre 2020
POUR PLUS D’INFORMATION, VOUS POUVEZ CONSULTER LES SITES SUIVANTS
INCa |
Rose Association |
Ligue contre le cancer |
Aidant Attitude |
Association française des Aidants |