Quand le cancer impacte mon couple
En tant que patient, conjoint ou parent d’un enfant malade, le cancer vient s’immiscer dans la sphère intime du couple. Dans ce cas, la maladie peut soit le renforcer, soit le fragiliser. L’annonce de la maladie est un vécu individuel, personnel, que l’on doit pouvoir exprimer à l’autre, pour que les non-dits – et les quiproquos – ne soient pas un poids supplémentaire sur la relation de couple. Maintenir et privilégier ces moments à deux, avoir une communication claire et sans tabous, ne pas faire de reproches à l’autre sont autant de conseils mis en lumière sur cette thématique.
et peuvent provoquer des émotions fortes, selon votre propre parcours.
Être en couple, c’est, à deux, décider d’être ensemble et se construire une intimité propre. Vivre à deux et/ou fonder une famille implique une vision commune et l’acceptation des défauts et des qualités de l’autre pour avoir des projets communs, apprécier les « hauts » et surmonter les « bas ».
Y ajouter l’annonce d’un cancer peut avoir des effets collatéraux majeurs sur cette union, car elle survient sans préjuger de la qualité de la relation à ce moment-là. Que l’on soit patient, conjoint ou parent, l’impact du cancer sur le couple se fait ressentir inévitablement et nécessite de pouvoir échanger, se confier et exprimer chacun ses ressentis propres tout au long de la maladie.
On dit souvent qu’en situation de choc ou de crise, les personnalités et les caractères se révèlent. On peut avoir tendance à se replier sur soi pour se protéger parce que le choc a été violent. Il faut alors un temps pour réaliser ce qui vient de se passer, analyser ses émotions, les exprimer, poser des mots dessus. Pour d’autres personnes, bien au contraire, il leur sera nécessaire de parler de la maladie, de vouloir tout savoir, tout comprendre, être dans l’action, l’accompagnement.
Ces deux attitudes bien différentes peuvent être sources d’incompréhension voire de conflit.
Françoise, 57 ans, guérie d’un cancer du sein diagnostiqué en 1998
Dans un couple, la survenue d’un cancer chez l’un ou l’autre des partenaires comme chez leur enfant est un événement critique qu’il faut pouvoir apprivoiser à la fois individuellement et ensemble, de manière à s’épauler tout au long du parcours de soins.
Il faut aussi savoir accepter d’avoir des réactions différentes, des temps de silence ou de discussion qui ne concordent pas forcément pour chacun, supporter et accepter l’angoisse de l’autre qui nous renvoie à nos propres peurs. Toujours rester à l’écoute les uns des autres est essentiel.
je suis malade, j’ai besoin d’être entenduvoir plus
Quand le cancer fait irruption dans la vie, tout est chamboulé, bousculé. On doit appréhender cette nouvelle pour soi, mettre des mots sur ce que l’on ressent. Il y a également la dimension du couple.
Pouvoir en parler, c’est à la fois informer l’autre de sa maladie et envisager ensemble le rôle de chacun. Il est possible de tomber dans le rapport de malade et infirmier, surtout si les traitements nécessitent des soins réguliers, et il faut veiller à s’en préserver. Cela peut être aussi, en voulant protéger son conjoint ou partenaire, le garder à distance de la maladie pour la gérer seul.
L’équilibre de chaque couple doit être trouvé ensemble. Et il est important de garder à l’esprit que rien n’est jamais figé, que les choses peuvent évoluer et changer au cours du temps et du parcours de soins.
Françoise, 57 ans, guérie d’un cancer du sein diagnostiqué en 1998
Même si le cancer prend beaucoup de place, pouvoir maintenir des moments de tendresse, d’intimité, est précieux. Trouver des espaces, donner sa place au couple et pas seulement à la maladie, c’est revenir « à toi, à moi, au nous que nous formons », au repère du quotidien et socle sur lequel on s’appuie.
Il est important de ne pas s’enfermer, de communiquer sur ce qui va ou ne va pas pour que l’autre sache où sont les limites, et quelles sont vos attentes, et puisse vous apporter de la douceur. Car la maladie va venir nous bousculer, et avec un parcours de soins ponctué de traitements, de soins, d’interventions, etc.
Colette, 58 ans, guérie d’un cancer du côlon diagnostiqué en 2004 et 2 fois récidivant
Le cancer a des impacts sur soi, sur son physique et sur son estime de soi ( voir notre page Je ne reconnais plus mon corps, j’ai perdu confiance en moi). Certains effets secondaires (Voir notre page J’ai peur des effets secondaires) peuvent d’ailleurs être plus ou moins handicapants au quotidien, et il nous faut les apprivoiser et apprendre à les supporter le temps des traitements. Ce qui fait que l’on peut se sentir moins à l’aise avec l’image que l’on renvoie à l’extérieur, et donc aussi à son conjoint.
Pouvoir en parler à deux permet à l’autre de comprendre ce que l’on ressent, ce qui nous traverse et nous bouscule. C’est un échange à amorcer pour permettre à l’autre d’entrevoir notre vécu intérieur tout en écoutant l’autre, qui vit de son côté, ces changements.
Françoise, 57 ans, guérie d’un cancer du sein diagnostiqué en 1998
Jean-Marc, 63 ans, conjoint de Nadine décédée d’un cancer du rein métastatique à 52 ans après 2 ans de traitement
La maladie peut aussi avoir des effets sur l’intimité du couple. On peut avoir une baisse de désir car on est obnubilé par la maladie, les traitements et toutes les émotions qui nous traversent. On peut être également bousculé par les effets secondaires physique des traitements, ne comprenant plus les réactions de notre corps et voyant son reflet changer dans le miroir. (voir notre page « Sexualité et cancer »)
J’ai peur des effets secondaires
Françoise, 57 ans, guérie d’un cancer du sein diagnostiqué en 1998
Lise, 23 ans, en rémission d’un sarcome diagnostiqué en 2014 récidivant en 2017
Maryse, 55 ans, épouse de Gérard, 62 ans, atteint d’un cancer du rein diagnostiqué fin 2015
De plus, les médecins qui suivent les patients n’abordent pas forcément l’intimité/la sexualité du couple de prime abord. Il faudra donc oser en parler pour obtenir des réponses sur le sujet, être conseillé et rassuré sur les ressentis et perceptions.
Ne pas hésiter à voir un psychologue voire un sexologue, séparément et/ou ensemble, pour préserver la qualité de la relation à deux.
Lise, 23 ans, en rémission d’un sarcome diagnostiqué en 2014 récidivant en 2017
Françoise, 57 ans, guérie d’un cancer du sein diagnostiqué en 1998
en tant qu’aidant, je veux être là pour mon partenaire et respecter ses besoinsvoir plus
Apprendre que son conjoint a un cancer (voir notre page « On a diagnostiqué un cancer à un proche« ) est complexe, et chacun réagira comme il peut. Exprimer vos sentiments à l’autre peut être source de renforcement de votre couple, ou, à l’inverse, source d’éloignement, voire de discorde.
On a diagnostiqué un cancer à un proche
Être présent aux côtés de son conjoint, à l’écoute de ses besoins et de ce qu’il traverse et ressent peut être la manière la plus douce de l’aider, tout en respectant ce qu’il est prêt à exprimer. Le plus difficile pourra être de tenir sur la durée de la maladie.
Jean-Marc, 63 ans, conjoint de Nadine décédée d’un cancer du rein métastatique à 52 ans après 2 ans de traitement
Maryse, 55 ans, épouse de Gérard, 62 ans, atteint d’un cancer du rein diagnostiqué fin 2015
Le corps du partenaire peut être amené à changer à cause des traitements : sécheresse et sensibilité de la peau, fatigue physique, perte des cheveux, perte ou prise de poids, séquelles d’une chirurgie, etc. Ces effets secondaires ( Voir notre page « J’ai peur des effets secondaires« ) peuvent venir peser sur le quotidien du couple car ils peuvent affecter la féminité, la masculinité ou la virilité du partenaire, le rendant plus vulnérable et sensible aux regards qu’on lui portera. Il faut apprendre à les dompter ensemble, en parler pour comprendre comment l’autre les vit et comment l’aider à mieux les vivre.
J’ai peur des effets secondaires
Jean-Marc, 63 ans, conjoint de Nadine décédée d’un cancer du rein métastatique à 52 ans après 2 ans de traitement
On ressent une envie de revenir à l’essentiel, de ne plus perdre de temps à des choses futiles, d’être là pour son conjoint et de profiter de la vie ensemble. Et quand on interroge des aidants sur ce que cela signifie pour eux, certains évoquent de « petits plaisirs de la vie » comme un bon repas, une balade, une escapade, un week-end. D’autres citent des moments en famille, des voyages dont ils ont rêvé longtemps sans jamais oser les faire, des activités inédites à essayer ou encore explorer de nouvelles passions. Il n’y a pas de choses futiles, uniquement des petits bonheurs et des moments joyeux que l’on veut partager.
Maryse, 55 ans, épouse de Gérard, 62 ans, atteint d’un cancer du rein diagnostiqué fin 2015
Gérard, 62 ans, atteint d’un cancer du rein métastatique diagnostiqué fin 2015
Sachez que le psychologue est là pour vous si vous le souhaitez, et des groupes de paroles spécifiques aux aidants peuvent être proposés au sein de votre hôpital ou via des associations.
pouvoir concilier mon rôle de parent et conjoint face à la maladievoir plus
Quand le cancer touche votre enfant (voir notre page « On vient de m’annoncer que mon enfant a un cancer« ), la douleur est encore différente, et l’impact de cette annonce sur votre couple l’est tout autant. Il faut arriver à en parler à deux, à pouvoir exprimer à la première personne du singulier les émotions qui vous traversent.
On vient de m’annoncer que j’ai un cancer
Ingrid, 44 ans, maman de Maëlle, née en 2003, diagnostiquée d’une leucémie en 2016, récidivante en 2018
Le cancer de votre enfant peut aussi venir impacter votre intimité de couple, de parents. Là encore, il s’agit de pouvoir en parler ensemble, sans faire de reproches à l’autre – chacun traverse cette étape de vie comme il peut.
Marie, 43 ans, maman d’Arthur, 4 ans, décédé d’un neuroblastome en 2013, diagnostiqué en 2011
Ingrid, 44 ans, maman de Maëlle, née en 2003, diagnostiquée d’une leucémie en 2016, récidivante en 2018
Enfin, vous pouvez également avoir d’autres enfants (voir notre page « Mon enfant a un cancer, j’organise la vie de famille« ), dont vous devez vous occuper également. N’hésitez pas à solliciter l’aide de votre entourage pour vous soutenir dans l’organisation de votre quotidien. Car, pour préserver votre couple, il s’agira de pouvoir avancer à deux sur les priorités de chaque instant, tout en veillant à se préserver des moments à deux pour se retrouver dans son couple, sans se replier sur soi.
Mon enfant a un cancer, j’organise la vie de famille
DOCUMENTS À TÉLÉCHARGER
Brochure « Vivre auprès d’une personne atteinte de cancer », proposée par la Ligue contre le cancer, Unicancer et l’INCa Télécharger le document |
Guide « Cancer, vie intime et santé sexuelle », proposé par l’Association Francophone pour les Soins Oncologiques de Support (AFSOS) Consulter ou télécharger le document |
Article « Couples face au cancer » proposé par la revue scientifique CAIRN.INFO Consulter ou télécharger le document |
Publication : avril 2022
POUR PLUS D’INFORMATION, VOUS POUVEZ CONSULTER LES SITES SUIVANTS
INCa • Institut national du cancer |
Chaîne Rose – pour témoigner, s’entraider et alléger l’épreuve du cancer |
Voix des patients – pour mieux vivre la maladie chronique |
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