Le cancer, je gère : conseils aux patients.
Vivre avec un cancer est une expérience singulière, qui ne laisse indemne ni celui qui en est atteint, ni ses proches. Au cours de cette période particulière, vous pouvez vous poser de multiples questions : comment communiquer avec votre entourage sur votre maladie ? Comment sortir de l’isolement ? Comment rester actif pendant les traitements ? Comment faire face à la fatigue, aux effets secondaires ? Comment gérer « l’après-cancer », ce retour à la « normale » où pourtant rien n’est plus comme avant ?
Il est important de communiquer !
Annoncer qu’on a un cancer à son entourage est un moment capital dans le parcours de la maladie. Les réactions des proches peuvent être diverses, voire inattendues : pleurs, tristesse, colère, déni, relativisation… Il faut donc vous laisser du temps ainsi qu’à vos proches pour « digérer » l’information. Une fiche sur l’annonce de la maladie à son entourage est à votre disposition sur notre site.
J’ai un cancer ou mon enfant a un cancer
Olivier J., 51 ans, atteint d’un cancer du testicule à 30 ans
Denis, 69 ans, guéri d’un cancer du rein diagnostiqué et opéré en 2007
Christophe, 61 ans, diagnostiqué d’un cancer de la prostate à 57 ans, toujours en traitement
Pendant votre maladie, vous pouvez être très entouré et paradoxalement vous sentir isolé. En effet, vous êtes régulièrement en contact avec votre centre de soins et les allers-retours à l’hôpital sont fréquents. Vos proches, mobilisés, sont à vos côtés pour faire face. Et pourtant… Un sentiment de solitude peut souvent vous habiter. Vous êtes en quelque sorte « passé de l’autre côté », celui des malades. Cette expérience unique peut aussi vous confronter à des questions existentielles :
- Quel est votre rôle sur Terre ?
- Qu’avez-vous accompli ?
- Qu’aimeriez-vous réaliser dans le futur ?
- Allez-vous gagner ce combat ?
Lise, 26 ans, en rémission d’un sarcome diagnostiqué en 2014, récidivant en 2017
Françoise, 60 ans, guérie d’un cancer du sein diagnostiqué en 1998
Face à vos interrogations et vos doutes, ne restez pas seul ! Vous avez une équipe soignante qui est là et dont le rôle est non seulement de vous soigner mais aussi de vous écouter et de vous apporter des réponses. Si vous en ressentez le besoin, n’hésitez pas à leur demander un accompagnement psychologique. Consulter un psychologue permet de se décharger de certaines choses que vous ne pouvez ou n’osez pas dire à vos proches. Pour éviter de se sentir « envahi » par les appels de proches qui souhaitent témoigner leur empathie et vous soutenir, pourquoi ne pas créer un groupe WhatsApp ou Slack pour éviter des coups de fil redondants et créer ainsi une communauté bienveillante autour de vous ?
Lise, 26 ans, en rémission d’un sarcome diagnostiqué en 2014, récidivant en 2017
Françoise, 60 ans, guérie d’un cancer du sein diagnostiqué en 1998
Il est également important de garder en tête que des moments de solitude sont parfois salutaires pour vous ressourcer et vous relaxer. Pourquoi ne pas en profiter pour pratiquer la relaxation et la méditation ? Pour vous aider, des applications gratuites existent. Dans certains centres de soins ainsi que dans certaines associations, il est proposé aux patients différents soins de support tels que la sophrologie ou des activités physiques adaptées (voir plus bas « Les soins de support).
Vous pouvez aussi vous occuper l’esprit : mots croisés, lecture, films ou séries… L’application « Audible » entre autres, propose des livres (classiques, romans d’amour, polars, développement personnel) lus par des acteurs professionnels. C’est une bonne façon de s’évader. On est concentré sur la voix du lecteur et on pense à autre chose. Pour sortir de l’isolement, de nombreuses autres solutions existent :
- Les centres d’information, d’accompagnement et d’orientation tels que les ERI (Espace Rencontre Information) présents dans les centres de lutte contre le cancer si l’on souhaite parler de son vécu et de ses préoccupations. Ce sont des lieux de documentation tenus par des personnes formées pour vous écouter.
- Les associations de patients qui sont proches de votre domicile. La plateforme Aider à Aider permet de géolocaliser les associations françaises qui accompagnent les patients et leurs aidants et décrit leurs activités.
- Vous pouvez aussi vous rendre sur des forums de discussion ou des sites qui réunissent des personnes touchées par le cancer, telle l’association Patients Réseau
- Les groupes de parole en présentiel organisés par les associations sont aussi des moyens d’échanger avec d’autres patients dans un espace encadré.
- N’oubliez pas que GPS CANCER a mis une ligne d’écoute – 01 88 61 42 27 – qui fonctionne du lundi au samedi de 9h à 19h et est ouverte pour les patients et leurs aidants.
Si vous ressentez le besoin de bénéficier d’un soutien psychologique avec un professionnel, sachez que le dispositif « MonPsy », propose un certain nombre de séances remboursées par la Sécurité sociale, sur prescription du médecin traitant, avec un psychologue concerné par ce dispositif. Vous trouverez tous les liens utiles dans la fiche Je me sens seul
Je me sens seul
La plateforme de l’association » Aider à aider » recense les associations de patients. A lire sur le site de « Aider à aider » Forums de discussions
L’association « Patients en réseau » propose des groupes de discussion. A lire sur le site de « Patients en réseau »
trouver ses propres ressources voir plus
Le temps de la maladie peut parfois vous ouvrir à d’autres modes d’expressions. Pourquoi ne pas utiliser l’écriture pour exprimer votre ressenti, pour poser des mots sur les maux ? Vous pouvez aussi en profiter pour pratiquer une activité artistique telle que la danse, le théâtre, la musique, qui sont des temps d’évasion, tout comme marcher dans la nature, voir une exposition, aller au cinéma, écouter une conférence… Aujourd’hui, vous avez la possibilité de pratiquer des activités en ligne ou au sein d’associations. Des associations comme Rose up pour les femmes (qui vient de lancer un espace en ligne personnalisé) ou Cerhom pour les hommes proposent des activités en ce sens.
utiliser les soins de support voir plus
Les soins de support sont des soins de soutien ayant pour objectif d’améliorer votre qualité de vie, dispensés par votre hôpital ou des professionnels agréés et des associations. Ils prennent tout leur sens durant le parcours de soins et concernent des domaines variés : relaxation, sophrologie, diététique, activité physique adaptée, soutien psychologique, sexologie, ergothérapie, art-thérapie, socio-esthétique… Une fiche entière leur est dédiée : J’envisage des soins de support pour aller mieux
J’envisage des soins de support pour aller mieux
L’art-thérapie
Lise, 26 ans, en rémission d’un sarcome diagnostiqué en 2014, récidivant en 2017
Françoise, 60 ans, guérie d’un cancer du sein diagnostiqué en 1998
Christophe, 61 ans, diagnostiqué d’un cancer de la prostate à 57 ans, toujours en traitement
L’activité physique
Être malade et actif, voilà une affirmation qui peut paraître paradoxale. Dans l’imaginaire collectif, on s’imagine le malade alité et passif dans un lit d’hôpital ou chez lui. Pendant votre cancer, et malgré les effets lourds des traitements, plusieurs études médicales conseillent de rester actif. Citons parmi elles l’étude de l’Institution national du cancer (INca) en 2017 . L’activité physique et sportive a été reconnue par la Haute Autorité de santé comme une thérapeutique non médicamenteuse en 2011. L’intérêt de la pratique d’une activité physique régulière sur la santé n’est plus à démontrer. Les programmes nationaux, comme le site « Manger Bouger », ainsi que le corps médical, préconisent la pratique d’une activité physique dynamique (c’est-à-dire d’intensité modérée à élevée) pendant au moins trente minutes par jour. L’activité physique ne veut pas dire faire du sport. En effet, des opérations ou des traitements lourds peuvent compromettre la pratique d’une activité. Il est important d’en parler d’abord à votre médecin.
Lise, 26 ans, en rémission d’un sarcome diagnostiqué en 2014, récidivant en 2017
Il s’agit de rester actif et de bouger le plus possible, en évitant la station assise trop longtemps. La sédentarité favorise l’apparition de beaucoup de maladies. Des associations comme Cami Sport & Cancer et Siel Bleu peuvent vous aider. Vous trouverez des conseils adaptés dans la fiche Mieux vivre pendant et après mon cancer grâce à l’activité physique.
Olivier C., 58 ans, diagnostiqué d’un cancer de la prostate en novembre 2021 opéré en janvier 2022
L’activité physique pendant un cancer permet entre autres :
- de se sentir moins fatigué et de mieux dormir
- d’améliorer sa condition physique
- de renforcer le système immunitaire
- de réduire le stress et l’anxiété
- d’atténuer les effets secondaires des traitements
Vous pouvez également bénéficier d’une activité physique adaptée (APA), prescrite par votre médecin, qui n’est pas remboursée, sauf par certaines mutuelles ou assurance. Les activités physiques adaptées «regroupent l’ensemble des activités physiques et sportives adaptées aux capacités des personnes (enfants ou adultes) atteintes de maladie chronique ou de handicap.»
Christophe, 61 ans, diagnostiqué d’un cancer de la prostate à 57 ans, toujours en traitement
L’alimentation
Une alimentation saine est la base d’une bonne santé. N’en déplaise aux promoteurs de régimes « miracles » qui privilégient tel ou tel aliment au détriment des autres, nous avons besoin quotidiennement :
- de glucides (sucres) qui sont notre carburant principal ;
- de protéines qui sont structurantes pour nos cellules, nos muscles et notre peau ;
- de lipides (graisses) qui permettent de stocker l’énergie.
Ces trois classes de composés organiques interviennent dans beaucoup d’autres fonctions : transport de l’oxygène, activité enzymatique, renforcement du système immunitaire… Bref, il faut manger de tout, en quantités raisonnables. Lancé en 2001 et réactualisé régulièrement, le Programme National Nutrition Santé (PNNS) établit des recommandations sur l’état nutritionnel et la santé des Français, en conseillant d’avoir une alimentation variée. Vous trouverez d’autres recommandations dans la fiche Alimentation et Cancer. Pendant les traitements, les choses sont un peu bousculées. Nausées, perte d’appétit, perte de goût, de saveur, difficultés à déglutir peuvent entraîner des problèmes nutritionnels. Le seul mot d’ordre est alors de se faire plaisir, quitte à donner quelques petits coups de canif dans le contrat des recommandations officielles. Cependant, il reste conseillé d’adopter une alimentation équilibrée.
Alimentation et cancer
Françoise, 60 ans, guérie d’un cancer du sein diagnostiqué en 1998
Lise, 26 ans, en rémission d’un sarcome diagnostiqué en 2014, récidivant en 2017
Christophe, 61 ans, diagnostiqué d’un cancer de la prostate à 57 ans, toujours en traitement
faire face aux effets secondaires voir plus
Pendant les traitements ou après une opération, des effets secondaires très désagréables peuvent apparaître : fatigue importante, chute de cheveux, modifications de l’appétit, nausées, aphtes, douleurs (voir la fiche J’ai mal, je souffre).
La fatigue
Nous insistons sur la fatigue car la majorité des patients en parlent comme de l’effet secondaire le plus handicapant. La fatigue est un ennemi invisible : comme elle ne se voit pas, l’entourage la prend souvent trop peu en compte. Pendant longtemps, la médecine faisait de la fatigue un corollaire obligatoire de la maladie – comme la douleur d’ailleurs –, sans y prêter plus d’attention que cela. Pour résumer, la fatigue était assimilée à une plainte subjective sans importance. Les mentalités ont évolué, avec une plus grande place laissée à la prise en charge de la douleur et de la fatigue et la reconnaissance officielle de maladies comme le syndrome de fatigue chronique. Vous pouvez agir. Tout d’abord en expliquant à votre oncologue ou à l’infirmière de coordination les conditions précises d’apparition de votre fatigue et leur retentissement sur votre vie. Exprimez à vos proches que la fatigue fait partie intégrante de la maladie et des traitements et expliquez-leur que vous avez besoin de leur aide et aussi parfois, besoin d’être seul, au calme. En communiquant sur votre état et votre ressenti, vos proches seront plus à même de vous apporter une aide efficace.
Françoise, 60 ans, guérie d’un cancer du sein diagnostiqué en 1998
Fabrice, 59 ans, diagnostiqué à 54 ans d’un cancer de la prostate traité par prostatectomie, suivie depuis de deux épisodes de radiothérapie et hormonothérapie
Effets secondaires : ce sont les patients qui en parlent le mieux
Colette, 58 ans, guérie d’un cancer du côlon diagnostiqué en 2004 et 2 fois récidivant
Olivier J., 51 ans, atteint d’un cancer du testicule à 30 ans
Lise, 26 ans, en rémission d’un sarcome diagnostiqué en 2014, récidivant en 2017
Denis, 69 ans, guéri d’un cancer du rein diagnostiqué et opéré en 2007
Ces nombreux effets secondaires peuvent avoir un impact sur votre travail. En effet, il est bien souvent difficile d’être efficace huit heures par jour lorsqu’on est sous traitement de chimiothérapie. Si vous êtes salarié, il est important de vous entretenir avec votre responsable et la médecine du travail sur un aménagement possible de votre temps de travail. Pour les indépendants, les choses sont un peu plus compliquées. L’association Caire 13 apporte un accompagnement dans le parcours professionnel des chefs d’entreprise, des professions libérales, des auto-entrepreneurs, etc. Vous trouverez une mine d’information en lisant la fiche Cancer et travail
gérer l’après-cancer voir plus
Vous y voilà. Vos résultats biologiques et d’imagerie sont normaux : vous êtes considéré soit en rémission, soit guéri. Alors que vous devriez normalement être soulagé, les choses ne se passent pas toujours comme prévu. En effet, pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, vous avez été accompagné régulièrement par une équipe soignante et vos proches ont été aux petits soins. Vous pouvez ressentir ce que l’on appelle « l’abandon thérapeutique ». Pour vos proches, la page est tournée. Pourtant, après un cancer, rien n’est plus comme avant. Cette expérience fondamentale dans votre vie vous a transformé. Vous restez également « fragile » en regard d’une récidive. Il vous faut néanmoins retrouver une activité professionnelle, une vie de famille, une vie sociale et intime. Ce n’est pas toujours évident, car il s’agit d’une reconstruction totale. Laissez-vous du temps et soyez pédagogue avec vos proches, que nous invitons aussi à lire cette fiche pour qu’ils comprennent mieux vos ressentis – j’ai le contrecoup de la fin des traitements.
j’ai le contrecoup de la fin des traitements
Françoise, 60 ans, guérie d’un cancer du sein diagnostiqué en 1998
Fabrice, 59 ans, diagnostiqué à 54 ans d’un cancer de la prostate traité par prostatectomie, suivie depuis de deux épisodes de radiothérapie et hormonothérapie
Denis, 69 ans, guéri d’un cancer du rein diagnostiqué et opéré en 2007
Extraits du webinaire « Cancer et troubles de la mémoire » du 24 novembre 2023, en vidéo et en podcast.
Présentation de GPS par Aurore Gonçalves (podcast et vidéo) :
Les différents troubles cognitifs
Comment faire la différence entre les troubles cognitifs liés à la maladie et à la fatigue et écouter les plaintes des patients ?
Y a-t-il des tests spécifiques pour les personnes atteintes de cancer ?
Que faire pour gérer au quotidien les troubles cognitifs ?
Les troubles de la mémoire ne sont pas les mêmes que ceux de la maladie d’Alzheimer :
Se préparer au retour au travail :