Mon proche est en réanimation
Une personne malade est placée en service de réanimation à la suite d’une opération ou de la dégradation de son état, parce qu’elle doit recevoir des soins de manière intensive. Ses proches doivent savoir qu’il s’agit d’un service hospitalier particulier, notamment parce que l’accès y est restreint pour préserver les meilleures conditions d’hygiène et de soin, et que s’y rendre peut s’avérer déstabilisant.
Vous venez d’apprendre que votre proche ou votre enfant doit, ou vient d’être admis en service de réanimation ou en unité de soins intensifs. Le placement dans ce type de service se fait soit à la suite d’une opération lourde pour surveiller l’apparition de complications éventuelles, soit parce que l’état du patient s’est aggravé et que des fonctions vitales (cœur, cerveau, poumon, circulation sanguine, rein, foie) sont défaillantes, mettant sa vie en danger. Le service de réanimation est organisé pour assurer une surveillance et des traitements 24 heures sur 24, avec un médecin présent en permanence et un personnel soignant plus nombreux pour assurer ce suivi intensif.
Les patients séjournant en réanimation étant en état de grande fragilité, l’accès au service est strictement réglementé.
Dominique, 67 ans, maman d’un homme de 39 ans, guéri d’une tumeur cérébrale diagnostiquée en 2001
Les visites sont souvent limitées à la personne de confiance désignée par le patient, à sa famille ou quelques personnes très proches du désigné. Le respect de ses choix est important.
Vous vous rendez en réanimation pour accompagner votre proche, le soutenir, et votre présence peut être primordiale pour son bien-être. Toutefois, vous y rendre doit rester un acte volontaire, et vous restez libre de l’accompagner selon votre degré d’émotivité.
Comment faire respecter mes volontés ?
Préparer votre visite
Avant de rendre visite à votre proche en réanimation, renseignez-vous auprès de son médecin référent et de sa personne de confiance, pour savoir si une visite est envisageable, et dans quelles conditions. Si tel est le cas, vous pourrez être à ses côtés, mais vous devrez prendre connaissance des restrictions dues à la particularité de ce service :
- Les plages horaires pour les visites sont généralement strictes. Renseignez-vous directement auprès du service de réanimation pour connaître les horaires spécifiques à l’établissement dans lequel se trouve votre proche. Il se peut que vous puissiez y avoir accès à des horaires différents de ceux des autres services (par exemple, après 20 heures, voire en permanence).
- Le temps de visite est restreint, et entrecoupé de soins, pendant lesquels vous devrez sortir. Le nombre de personnes admises est également limité (en général, pas plus d’une ou deux personnes par jour, à tour de rôle) afin de préserver le calme pour votre proche et les autres patients.
- Il peut y avoir des restrictions vestimentaires pour des raisons d’hygiène. Par exemple, l’hôpital pourra vous fournir une tenue adaptée pour aller voir votre proche, s’il est à risque d’infection.
Selon l’état du patient, les conditions d’admission pourront varier d’un jour à l’autre, voire d’une heure à l’autre de la journée. Renseignez-vous auprès du service avant de vous déplacer.
Il faut se préparer psychologiquement
Voir son proche dans un état grave, bien souvent connecté à de nombreuses machines et écrans, – potentiellement sous assistance respiratoire ou inconscient –, peut être impressionnant et choquant.
Les services de réanimation et de soins intensifs ont une configuration particulière, souvent une grande salle ouverte avec des espaces ou boxes individuels semi-ouverts, pour permettre cette surveillance accrue. Les patients y sont tous atteints de pathologies ou de traumatismes graves (post-accident, par exemple) et leur pronostic vital peut être engagé. Leur intimité et leur tranquillité, ainsi que celles de leurs proches en visite, doivent être absolument préservées et respectées. Sachez que vous pourrez croiser des patients dans un état de santé plus grave que celui de votre proche, dont l’image pourra également vous marquer.
Françoise, 57 ans, guérie d’un cancer du sein diagnostiqué en 1998
Il se peut aussi que vous croisiez en salle d’attente des visiteurs dont le proche est en fin de vie ou vient de décéder. C’est une situation difficile, à laquelle il faut également se préparer. Le silence et le respect des autres personnes sont essentiels, car chacun vient avec son histoire, ses espoirs et ses douleurs.
En amont de votre première visite, vous pourriez envisager de demander à l’infirmière du service d’oncologie ou au personnel de réanimation de vous parler de l’environnement de la réanimation et de l’état de votre proche afin de vous y préparer.
Les enfants peuvent-ils venir dans un service de réanimation ?
Là encore, il faudra vous renseigner auprès du service car les règles sont propres à chaque établissement. Dans la plupart des cas, l’âge minimal pour s’y rendre est de 15 ans, mais des dérogations peuvent être envisagées sous réserve d’une autorisation délivrée par le médecin référent et/ou un psychologue, en raison du choc que cette situation peut provoquer sur l’enfant.
Si vous vous rendez en service de réanimation avec un mineur, il est donc important d’ouvrir le dialogue en le préparant à cette visite et de le rassurer, avant et après la visite. N’hésitez pas à solliciter le psychologue de votre service référent pour vous y aider ou pour qu’il discute directement avec l’enfant.
Avoir des nouvelles est un droit, mais le secret médical doit être respecté.
Si vous êtes la personne de confiance du malade, après un premier contact avec le médecin, c’est vous qui recevrez les nouvelles de votre proche. L’infirmière pourra vous renseigner au quotidien (comment il a passé la nuit, à quelle heure vous pouvez lui rendre visite, etc.), et le médecin vous fournira les renseignements médicaux, notamment liés au diagnostic et au pronostic.
Vous serez également sollicité pour prendre les décisions thérapeutiques à la place de votre proche, s’il n’est plus en état de le faire. Dans tous les cas, n’hésitez pas à demander à l’équipe soignante le numéro du service, et à le mémoriser dans votre téléphone pour éviter de perdre du temps en cas d’urgence. Les équipes de réanimation sont très attentives aux proches, et répondent volontiers aux questions. Renseignez-vous sur les plages horaires auxquelles vous pouvez appeler, pour ne pas les déranger pendant les soins aux patients.
Si votre proche est conscient, il est possible qu’il ait son téléphone portable avec lui. Il pourra vous envoyer des sms pour donner de ses nouvelles. Évitez les appels directs pour ne pas le fatiguer, le réveiller ou le déranger pendant les soins.
Pour vous éviter une trop grande fatigue et d’avoir à répéter les nouvelles du jour à votre entourage après une longue journée et une visite parfois éprouvante, vous pouvez demander au médecin si vous pouvez enregistrer votre conversation avec votre smartphone pour bien comprendre ce qu’il vous dit en la réécoutant ensuite, et éventuellement partager cette conversation par email avec la famille, si le patient en est d’accord. Vous pouvez également organiser une conférence téléphonique ou une visioconférence à plusieurs, surtout si vos proches sont loin. Ou donner quelques nouvelles par email ou par sms, en veillant à ne pas annoncer de mauvaises nouvelles par écrit, qui peuvent être mal interprétées ou choquantes pour la personne qui les reçoit.
Si vous n’êtes pas la personne de confiance, adressez-vous à elle et laissez-lui le temps de vous donner des nouvelles, car elle a sans doute beaucoup de personnes à informer, et a besoin de soutien.
Ne pas perdre espoir mais se préparer à toute éventualité
L’admission en service de réanimation est le plus souvent provisoire, jusqu’à ce que l’état de votre proche s’améliore et qu’il puisse réintégrer son service d’hospitalisation. Il se peut que son état stagne ou se dégrade et qu’il y séjourne plus longtemps que vous ne l’imaginiez, voire que, malheureusement, il y décède. Les médecins du service de réanimation vous tiendront au courant très régulièrement de son évolution et vous appelleront à toute heure pour que vous puissiez accompagner votre proche jusqu’à la fin.
Cette épreuve est difficile à vivre, mais il faut pouvoir s’y préparer (voir notre page « Accompagner la fin de vie »). Dans tous les cas, il est important de rester en lien avec le service et le psychologue du service d’oncologie, pour évoquer ce que vous ressentez. Le service de réanimation compte, généralement, également un psychologue qui pourra vous épauler.
Les associations de patients et les associations d’accompagnement de fin de vie peuvent également vous soutenir pendant cette période délicate. Elles pourront aussi vous informer sur les structures d’accueil et d’hébergement si vous habitez loin de l’hôpital, et sur vos droits en termes de congés et d’aides financières ou administratives. À ce sujet, vous pouvez aussi consultez nos pages « Cancer et travail » et « Mes démarches sociales et administratives ».
Accompagner la fin de vie A TOUT MOMENT
Cancer et travail Mes démarches sociales et administratives
Publication : octobre 2020
POUR PLUS D’INFORMATION, VOUS POUVEZ CONSULTER LES SITES SUIVANTS
Société Française d’Anesthésie et de Réanimation (SFAR) |
J. Durand-Gasselin |
Parlons fin de vie |
Soins palliatifs |