Je me sens seul depuis que je suis en rémission
Une bonne nouvelle ! C’est ce que l’on ressent à l’annonce de l’arrêt des traitements et du mot « rémission ». Un parcours long s’achève et une nouvelle étape s’ouvre : le retour à la vie sans traitement. Sans le « cordon médical et familial » des mois passés, c’est le début d’une reconstruction de soi, tout en gérant le doute. Revers de la rémission : il n’est pas rare de se sentir seul, voire abandonné… Aborder cette phase accompagné peut aider à mieux appréhender cette « nouvelle vie ». Et la perspective de plusieurs années de rémission sans rechute, c’est d’être ensuite guéri.
Les témoignages que vous allez lire sur cette page sont issus de la vie intime des témoins et peuvent provoquer des émotions, selon votre propre parcours.
Cela fait plusieurs mois que vous avez traversé les différentes étapes de la maladie : examens, rendez-vous médicaux, périodes d’hospitalisation, arrêt ou interruption de votre travail, traitements et leurs effets, allers-retours entre l’hôpital et la maison. Durant cette période, vous avez été entouré par le personnel soignant et souvent accompagné par vos proches.
Vos derniers examens montrent que la maladie est maîtrisée et que les cellules cancéreuses ne sont plus observables. Votre oncologue est satisfait. Il peut alors vous annoncer que vous êtes « en rémission » et décider que le protocole de traitement arrive à sa fin.
Se préparer à un changement abrupt
« On se revoit dans quelques mois », cette phrase prononcée par le médecin est la suite logique de la bonne nouvelle attendue par tous les patients atteints de cancer ou par les parents d’un enfant malade. Paradoxalement, elle peut également créer un sentiment de vide et d’angoisse, passant d’un contexte surmédicalisé de prise en charge à l’hôpital rythmé par les traitements, les examens, le contact quasi-permanent avec l’équipe soignante à la reprise d’un rythme « normal » mêlé de solitude et de fatigue de l’après-traitement et de réadaptation à une vie sans cette prise en charge. Même si « on en a rêvé », on n’y est pas préparé.
Colette, 58 ans, guérie d’un cancer du côlon diagnostiqué en 2004 et 2 fois récidivant
N’hésitez pas à dialoguer avec votre spécialiste ou votre oncologue, l’équipe soignante et le psychologue du service pour organiser et gérer au mieux la transition vers un retour à la « vie normale », éventuellement en lien avec un psychologue de ville.
Françoise, 57 ans, guérie d’un cancer du sein diagnostiqué en 1998
Jean-Louis, 61 ans, atteint d’un cancer du rein métastatique découvert en 2000
Vous pouvez aussi demander à votre oncologue de se coordonner avec votre médecin traitant, qui assurera le relais auprès de vous. En effet, chaque personne va vivre différemment le début de la rémission. Le lien avec votre médecin généraliste peut s’être distendu car vous étiez entouré par d’autres professionnels de santé. N’hésitez pas à renouer un lien avec lui si vous en ressentez le besoin. Il n’est pas rare que les personnes malades s’ennuient de leur équipe soignante. De plus, n’oubliez pas que si vous avez des traitements au long cours à observer, votre médecin traitant et votre pharmacien de ville vous conseillent et vous accompagnent également au quotidien.
Parler avec ses proches
La phase de rémission est une période importante pour le patient et ses proches. Elle permet une nouvelle respiration, une forme de relâchement et de récupération, après des mois intenses physiquement et émotionnellement.
À ce moment, la communication est essentielle entre le patient en rémission, ou les parents de l’enfant en rémission, et les proches. En effet, un décalage peut s’instaurer, car l’entourage pense souvent que « c’est enfin terminé » et que la vie va reprendre « comme avant », comme si rien ne s’était passé. Or, pour vous, rien n’est tout à fait comme avant.
Une période de réadaptation est nécessaire pour pouvoir se réapproprier sa vie, son corps, s’autoriser à revivre « normalement », à avoir à nouveau des projets, etc. Cela prend du temps.
Je trouve un nouvel équilibre de vie
Sarah, 36 ans, guérie d’un cancer du sein diagnostiqué en 2012
En effet, la fatigue est toujours présente et d’autres traitements peuvent commencer ou se poursuivre pour traiter d’éventuelles séquelles (douleurs, problèmes hormonaux) ou réduire le risque de récidive dans les années à venir.
Parler avec ses proches est une clé pour dénouer de possibles incompréhensions ou maladresses.
Je ne supporte plus que mes proches m’aident
Lise, 23 ans, en rémission d’un sarcome diagnostiqué en 2014, récidivant en 2017
Sarah, 36 ans, guérie d’un cancer du sein diagnostiqué en 2012
Si la maladie ne revient pas, la période de rémission dure cinq ans, après lesquels seulement on pourra parler de guérison. Cette longue étape est aussi une phase de suivi et de surveillance, avec des examens et rendez-vous médicaux réguliers. Outre le sentiment de solitude, il faut aussi gérer l’incertitude liée à l’attente des résultats et la peur de la récidive, car le risque n’est pas totalement écarté.
Prendre soin de soi et se faire accompagner hors du cadre de l’hôpital
« L’après traitement » est donc souvent déstabilisant. Se laisser le temps de récupérer de l’énergie, d’avancer, de se projeter, de se faire aider si on en ressent le besoin aide à retrouver un nouvel équilibre.
Cet accompagnement comprend le soutien physique, en poursuivant les soins de support initiés pendant les traitements, ou tout simplement en les commençant, si vous n’avez pas eu l’occasion d’y recourir. C’est aussi le moment pour reprendre une activité physique (fortement recommandée par les professionnels de santé) ou culturelle, par exemple.
J’envisage des soins de support
Sarah, 36 ans, guérie d’un cancer du sein diagnostiqué en 2012
Certaines structures et associations, comme La Maison de la vie, À chacun son Everest, les Maisons Rose, ou l’Atelier Cognac-Jay, proposent des activités et des soins hors de l’hôpital, ou des programmes d’accompagnement personnalisé comme les Centres Ressource. D’autres sont disponibles sur le site de l’AFSOS.
Colette, 58 ans, guérie d’un cancer du côlon diagnostiqué en 2004 et 2 fois récidivant
Se faire accompagner par un psychologue en ville, qui pourra vous être recommandé par le psychologue de l’hôpital, peut vous aider à répondre aux questions que vous vous posez, sur l’incertitude face à la maladie et la vie à reconstruire.
A partir du 5 avril 2022, le dispositif MonPsy permet, sur orientation d’un médecin, de bénéficier de 8 séances remboursées avec un psychologue partenaire du dispositif. Pour en savoir plus, cliquez ici.
Lise, 23 ans, en rémission d’un sarcome diagnostiqué en 2014, récidivant en 2017
Sarah, 36 ans, guérie d’un cancer du sein diagnostiqué en 2012
Reprendre une « activité normale »
La rémission, c’est aussi la phase où la vie reprend son cours, et les activités aussi. Une fois passée la période de repos et de convalescence, va se poser la question d’une reprise de la vie familiale, sociale, du travail, des études ou de l’école pour les plus jeunes.
Jean-Louis, 61 ans, atteint d’un cancer du rein métastatique découvert en 2000
Le sentiment de solitude peut s’accentuer à ce moment-là également, car la maladie a provoqué des changements et des questions engageantes pour l’avenir. Notamment pour le couple (voir notre page « Quand le cancer impacte mon couple« ).
Quand le cancer impacte mon couple
Lise, 23 ans, en rémission d’un sarcome diagnostiqué en 2014 récidivant en 2017
On peut aussi se sentir seul parce que la reprise professionnelle ne s’est pas encore faite. En parler avec son entreprise (supérieur hiérarchique, collègues, Responsable des Ressources Humaines …), ou avec le médecin du travail, pour bien préparer le retour au travail, est important dans ce cas. Des associations peuvent également vous accompagner à ce sujet.
Cancer et travail
Françoise, 57 ans, guérie d’un cancer du sein diagnostiqué en 1998
Se donner des objectifs simples et atteignables, selon ses capacités du moment, faire un bilan de compétences, voir des collègues, par exemple, permet également de trouver des réponses et de reprendre progressivement son activité et reprendre pied dans la vie.
Béatrice, 44 ans, en rémission d’un cancer de l’intestin grêle diagnostiqué en 2014
Vous pouvez vous rapprocher des associations et structures de soutien. Les groupes/forums de discussion des associations permettent d’échanger avec des personnes qui ont vécu ou vivent la même chose que vous.
Lise, 23 ans, en rémission d’un sarcome diagnostiqué en 2014 ,récidivant en 2017
N’oubliez pas que cette période peut aussi être difficile pour vos proches et aidants qui ont essayé de « tenir ». Ce qui peut expliquer leur envie de « passer à autre chose ». Néanmoins, ils peuvent également avoir besoin de se faire aider dans l’après-maladie, et n’en ont pas toujours conscience.
Certaines associations membres de GPS CANCER proposent une écoute et/ou une information dédiée aux patients et à leurs aidants, notamment sur des cancers rares.
Contacter les associations membres de GPS CANCER
Publication : avril 2022
DOCUMENTS À TÉLÉCHARGER
Guide pratique « Vivre pendant et après un cancer » |
SFCE et l’INCa Prendre soin de soi après un cancer survenu dans l’enfance ou l’adolescence |
POUR PLUS D’INFORMATION, VOUS POUVEZ CONSULTER LE SITE OFFICIEL SUIVANT
Institut national du cancer (INCa) |