Je suis guéri d’un cancer, en rémission complète
Dans le domaine du cancer, cinq ans après le début de la rémission et sans rechute, on parle de guérison. Les médecins, plus précautionneux, diront plus facilement au patient qu’il est en rémission complète. Dans tous les cas, c’est un pas de plus dans l’après maladie qui clôt cinq années de surveillance durant lesquelles les examens réguliers ont pu occasionner des pics de stress et des doutes tout en se reconstruisant pas à pas.
Avec cet anniversaire, on se détache encore un peu plus du parcours médicalisé, des inquiétudes associées qui appartiennent désormais au passé pour écrire la suite de son chemin de vie. Et même si, pour certains, la vie ne sera plus comme avant cette épreuve, la guérison est ancrée dans le présent et offre de regarder l’avenir, en pouvant rêver de nouveau.
et peuvent provoquer des émotions, selon votre propre parcours.
La guérison signifie, de fait, qu’aucune cellule cancéreuse n’a été détectée à l’occasion de vos bilans médicaux, et ce depuis cinq ans. C’est le signe manifeste que vous vous éloignez chaque jour de la maladie.
Au moment du diagnostic de votre cancer, vous avez débuté votre parcours de soins avec un ou plusieurs traitements. Puis, lorsque votre santé s’est améliorée et que les signes de la maladie ont disparu, votre oncologue/spécialiste vous a alors exprimé sa satisfaction pour ce résultat et dit que vous entamiez la phase de rémission. Il vous a peut-être alors prescrit un traitement au long cours préventif (comme de l’hormonothérapie en cas de cancer du sein – sachant que ce n’est pas un traitement initial).
Les cinq années de rémission se sont succédées avec un suivi particulier : examens et consultations régulièrement afin de surveiller une éventuelle rechute. Et le Graal tant attendu est arrivé : votre oncologue vous dit que vous êtes en rémission complète, vous êtes guéri !
La notion du temps peut ralentir
La guérison permet de poser un regard neuf sur le temps qui passe. La maladie nous a montré que rien n’est jamais acquis et que tout peut changer en un instant. Pour autant, même si chaque jour peut être perçu comme « un cadeau », la guérison offre à nouveau de se projeter dans un avenir sans maladie.
Anne-Sophie, 32 ans, guérie d’un sarcome d’Ewing diagnostiqué en 2011
La guérison peut être l’occasion d’une prise de recul sur ce que l’on a vécu et tout le chemin parcouru jusque-là, sur la maladie et sur soi-même. Faire ainsi le point permet de se poser moins de questions, de se remettre en mouvement, d’être plus dans l’action que dans la réflexion. On décide aussi quelquefois de changer de vie afin de privilégier l’écoute de soi. Et de se concentrer sur une question clé comme : « ce qui peut désormais me rendre heureux ».
Apprivoiser ce statut de « guéri »
Paradoxalement, il arrive aussi que l’on accepte difficilement d’être guéri et d’angoisser à l’idée d’une rechute qui pourrait arriver un jour. Ce trouble est fréquent et peut revenir par épisodes. C’est très humain compte tenu de la période d’où l’on on sort et qui a duré si longtemps.
Pour certaines personnes également, ne plus être suivi aussi régulièrement par son médecin peut faire l’effet d’un vide qu’il faut apprivoiser petit à petit (voir notre page « Je me sens seul depuis que je suis en rémission).
Si cela vous arrive, vous pouvez tout à fait vous faire accompagner par un professionnel de santé (par exemple un psychologue). Habitué de ces situations qu’il connaît, il pourra vous écouter et vous aider à les surmonter.
Je me sens seul depuis que je suis en rémission
Élaborer des projets de vie sans crainte
La guérison a clos « le chapitre maladie », ce qui laisse beaucoup de place pour d’autres projets, professionnels et personnels. On peut désormais se projeter à nouveau et envisager la suite.
Sarah, 36 ans, guérie d’un cancer du sein diagnostiqué en 2012
Cette perspective donne une nouvelle impulsion aux envies que l’on avait mises en suspens. Par exemple, c’est l’envie d’un voyage, d’un métier ou d’une passion qui se dessine et s’affirme une fois guéri. Il peut s’agir d’un changement de vie ou d’une reconversion professionnelle rendue nécessaire soit parce que l’on souhaite autre chose, soit parce que la maladie a laissé des séquelles qui conduisent à envisager une reconversion professionnelle. (voir notre page « Cancer et travail« ).
De nombreuses associations, coachs et organismes peuvent vous aider, vous accompagner et vous guider.
Par exemple, les associations comme Rose Up et Belle et bien permettent de se réapproprier son image et d’envisager plus sereinement l’avenir. La CAMI et l’association Siel bleu permet un coaching d’activité physique, et d’autres associations comme les job dating de Cancer@Work ou l’association 20 ans 1 projet permettent un coaching individuel et en groupe pour les problématiques de parcours professionnel. Juris Santé propose un suivi personnalisé pour les Adolescents Jeunes Adultes (AJA).
Cancer et travail
Devenir propriétaire
Le projet que vous nourrissez désormais serait de devenir propriétaire. Mais comme une sorte de double peine, après avoir souffert d’un cancer, vous êtes confronté à la difficulté, voire l’impossibilité, d’emprunter. En effet, pour obtenir votre crédit, vous devrez contracter une assurance et répondre à un questionnaire médical où vous devez notifier vos antécédents médicaux.
Le plan Cancer III a souhaité remédier à cela. La législation a évolué fin 2015 avec le vote du « droit à l’oubli » (voir notre page « Le droit à l’oubli« ) permettant :
- aux enfants et adolescents de passer sous silence leur cancer 5 ans après leurs traitements, s’ils ont été déclarés en rémission avant leurs 18 ans ;
- aux adultes touchés par le cancer d’attendre 10 ans (et non plus 15 ans) pour pouvoir contracter un emprunt sans avoir à déclarer leur maladie auprès du banquier et de l’assureur, et sans surprime ni exclusions au contrat relatives à la santé de l’emprunteur.
Le droit à l’oubli
De plus, une grille de convention AERAS révisée a été élaborée pour permettre l’accès à l’emprunt sans attendre les 10 ans pour certains types de cancer selon les statistiques liées à ces pathologies.
Vouloir un enfant
La guérison permet de reprendre confiance en soi et d’envisager l’avenir plus sereinement. C’est peut-être le moment pour envisager un projet de paternité/maternité. Bien évidemment, cette volonté doit être discutée avec son médecin traitant (voir notre page « Je garde le lien avec mon médecin généraliste« ) ou de son spécialiste pour savoir si un tel projet est possible. Posez-lui toutes vos questions pour définir ensemble les examens à faire et les possibilités pour mener à bien votre projet.
Vous avez peut-être eu recours à un dispositif préventif de préservation de la fertilité avant le début de vos traitements. En conséquence de quoi, si vos ovocytes ou spermatozoïdes ne sont pas très réactifs après les traitements, il peut être envisagé de décongeler certains de vos prélèvements pour utiliser vos gamètes personnels dans le cadre d’une fécondation in vitro (appelée communément FIV).
Si cela n’a pas été le cas, sachez que plusieurs alternatives médicales existent post-traitements, si votre fertilité a été fragilisée. Par exemple, pour une femme ayant eu des traitements de chimiothérapie ou de radiothérapie sur la zone pelvienne, une ou plusieurs stimulations ovariennes peuvent activer les ovaires affaiblis pour prélever et/ou congeler des ovocytes en vue d’une FIV. Pour un homme, il faudra effectuer un spermogramme permettant de savoir si les traitements ont affecté sa production de sperme.
Il sera possible aussi de faire une demande de don de gamètes au CECCOS dans le cadre d’un projet de parentalité, s’il ne vous était finalement pas possible d’avoir un enfant naturellement (voir notre page « Je donne, je reçois« ).
Prendre soin de soi
Prendre soin de soi et de sa santé, c’est à la fois veiller à une alimentation saine et diversifiée, être à l’écoute de son rythme biologique du sommeil, pratiquer une activité sportive régulière qui vous plait et vous fait du bien. C’est aussi bien s’hydrater, se protéger du soleil pendant l’été, etc. (voir notre page « Je m’informe sur les facteurs de risque« ).
N’hésitez pas à parler à votre médecin traitant si vous souhaitez obtenir des conseils, car c’est aussi son rôle de vous accompagner sur ces sujets.
Je garde le lien avec mon médecin généraliste
PREVENIR
Je m’informe sur les facteurs de risque
Publication : novembre 2019
DOCUMENT À TÉLÉCHARGER
Guide pratique « Vivre pendant et après un cancer » |
POUR PLUS D’INFORMATION, VOUS POUVEZ CONSULTER LE SITE SUIVANT
Institut national du cancer (INCa) |