Je préserve ma fertilité, ou celle de mon enfant
Quand on apprend sa maladie ou celle de son enfant, on entre dans un protocole de soins qui peut induire des effets indésirables parfois irréversibles. Certains traitements peuvent altérer la fertilité de manière temporaire, parfois définitive. Que faire et quand ? Vers qui se tourner ? Des dispositifs existent. S’informer sur les démarches possibles permet de mieux appréhender ce sujet et de faire les choix individuels qui correspondent à vos projets de vie et/ou au futur de votre enfant.
et peuvent provoquer des émotions fortes, selon votre propre parcours.
Certains traitements de chimiothérapie et de radiothérapie (selon la zone du corps concernée par les rayons) peuvent altérer temporairement ou définitivement la fertilité, aussi bien des femmes que des hommes. Il faut prendre en compte ce risque au tout début de la prise en charge, pour se laisser la possibilité et le temps de prendre les décisions les plus justes pour vous. C’est une question essentielle pour le malade – également pour l’enfant ou l’adolescent – à un âge où, habituellement, cette question ne se pose pas forcément et où le projet de maternité/paternité est lointain.
Certains dispositifs existent ; ils doivent être mis en place de préférence avant le début des traitements (il est parfois possible de le faire en cours de traitement ou en post-traitements du cancer, en fonction du protocole de soins). En règle générale, votre médecin oncologue vous informe des conséquences éventuelles du traitement proposé sur la fertilité avant le début de tout traitement.
Lorenzo, 24 ans, en rémission d’une tumeur germinale diagnostiquée en 2017
Une fois la sidération de l’annonce passée, et si votre médecin ne vous a pas déjà alerté sur le sujet, c’est à vous de prendre l’initiative d’en discuter avec lui. N’hésitez pas à évoquer avec lui les conséquences supposées du traitement sur votre fertilité.
La préservation de la fertilité par la cryoconservation (c’est-à-dire la congélation des gamètes, cellules reproductrices masculines – spermatozoïdes – ou féminines – ovocytes) doit impérativement se faire avant le début des traitements contre le cancer. En cours de traitement, il ne sera plus possible de recourir à cette solution. C’est donc une décision importante qu’il faut prendre en toute connaissance de cause. Il existe néanmoins d’autres dispositifs qui peuvent être envisagés post-traitement, tout en sachant que le corps aura déjà subi les effets de ces traitements.
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la préservation de la fertilité fémininevoir plus
Petit résumé d’anatomie : chaque femme naît avec un nombre d’ovocytes défini qui se trouvent au sein de ses deux ovaires. Au moment de la puberté, le corps se modifie pour permettre la reproduction. La femme va alors avoir des cycles menstruels, permettant chaque mois la maturation d’un ovocyte pour une fécondation possible. La fertilité de la femme décroît ensuite au fil du temps jusqu’à la ménopause (dont l’âge moyen en France est de 51 ans), étape marquant la fin de la fertilité de la femme et l’arrêt des cycles menstruels.
En cas de cancer, certains traitements peuvent avoir pour effet secondaire une diminution, voire un arrêt, de la production d’ovocytes et, ainsi, générer un risque pour la fertilité actuelle et/ou future. En effet, selon la toxicité des produits administrés ou les conséquences de l’intervention chirurgicale, les séquelles peuvent être plus ou moins importantes sur la fertilité de chaque femme. De plus, il est bon de rappeler que tout projet de grossesse est fortement déconseillé pendant la durée des traitements, voire quelques mois après, pour la santé du fœtus. Pensez à utiliser un moyen de contraception efficace.
Plusieurs techniques existent pour préserver la fertilité féminine. Elles seront discutées au cas par cas au sein d’une équipe multidisciplinaire du Centre d’Étude et de Conservation des Œufs et du Sperme humain (CECOS) de votre région, pour envisager les options possibles, avant d’assurer avec vous la consultation d’oncofertilité.
Un bilan de réserve ovarienne pré-opératoire (échographie, bilan hormonal) peut être effectué, en amont de cette consultation et si vous disposez d’un temps suffisant, pour guider au mieux cette discussion.
Les solutions suivantes peuvent vous être proposées selon votre situation personnelle (âge, situation, réserve ovarienne) et médicale (fièvre, douleurs, etc.) si vous désirez préserver autant que possible votre fertilité :
- L’ovariectomie partielle/totale est une intervention chirurgicale visant à prélever tout ou partie d’un ovaire, de manière à pouvoir ensuite congeler ce tissu ovarien.
- La stimulation ovarienne permet, par le biais d’un traitement dédié, de stimuler les ovaires pour qu’ils produisent plus d’un ovocyte par cycle (comme c’est le cas habituellement). Cette stimulation, accompagnée d’examens réguliers, donne ensuite lieu, au moment de l’ovulation, à une ponction folliculaire d’ovocytes (intervention chirurgicale), en centre spécialisé sous anesthésie locale.
- La ponction folliculaire directe, avec maturation in vitro, permet la congélation d’ovocytes matures, voire d’embryons si vous êtes en couple.
La congélation de tissus suite à une ovariectomie, permet de conserver directement des follicules ovariens situés dans l’ovaire. Cette technique ne nécessite pas de stimulation de l’ovulation et est réalisée soit par cœlioscopie (également appelée laparoscopie, elle permet soit d’observer l’intérieur de l’abdomen, soit de réaliser certaines interventions chirurgicales par le biais d’incisions de petites tailles grâce auxquelles l’opérateur peut pénétrer la cavité abdominale) sous anesthésie générale, soit associée à un acte chirurgical de l’ovaire inhérent à une autre intervention due au cancer (par exemple lors de la pose d’une chambre implantable, d’une ponction de moelle osseuse, etc.). Cette technique est proposée aux jeunes filles pré-pubères ou lorsque la stimulation de l’ovulation est impossible, pour des raisons de délai ou autre.
La congélation d’ovocytes est la technique la plus récente en matière de préservation de la fertilité féminine. Cette procédure est réservée aux femmes pubères, célibataires ou en couple. Elle s’effectue préférentiellement à partir d’ovocytes matures, obtenus dans la plupart des cas après stimulation ovarienne. Cette stimulation ovarienne consiste à s’injecter des hormones tous les jours par le biais de piqures quotidiennes dans le bas-ventre et/ou les cuisses au début d’un cycle, et ce jusqu’à ovulation (plus ou moins 14 jours). Elles sont accompagnées d’un suivi régulier par échographie pour surveiller la croissance des ovocytes et les prélever au moment le plus opportun.
Enfin, la congélation d’embryons nécessite le recueil d’ovocytes matures pour la réalisation d’une FIV (fécondation in vitro) avec les spermatozoïdes du partenaire de la femme concernée. Cette technique répond à un “projet parental avec conjoint”. Ce dispositif permet de préserver le potentiel de fertilité du couple. Les embryons fécondés ne pourront être utilisés qu’en son sein.
Lise, 23 ans, en rémission d’un sarcome diagnostiqué en 2014 récidivant en 2017
En pratique, chaque patiente doit prendre rendez-vous au CECOS, centre spécialisé autorisé à congeler et conserver les ovocytes. La patiente est reçue par un praticien du centre, qui lui explique comment se déroule le prélèvement, la congélation, la conservation et l’utilisation ultérieure des ovocytes congelés. La patiente peut poser toutes les questions qu’elle souhaite pour posséder toutes les informations nécessaires à sa décision.
S’il y a consentement de la patiente à la démarche, il s’agira alors d’ouvrir un dossier spécifique dans lequel seront compilés à la fois les résultats de prises de sang récentes (sérologies HIV 1&2, hépatites B et C, syphilis), le consentement et le contrat signés ainsi que la copie de la pièce d’identité de la patiente. La mise en place du protocole de prélèvement adapté à la patiente se fait ensuite.
Chaque année, la patiente recevra un courrier lui demandant si elle souhaite poursuivre ou non la conservation de ses ovocytes. En cas de déménagement, il est important de donner sa nouvelle adresse au CECOS qui vous a pris en charge. Au-delà de 5 ans de conservation, une participation financière sera demandée.
Pour information, en post-traitement, il vous est possible de faire appel au don d’ovocyte si vous souhaitez porter un enfant mais n’êtes plus fertile.
En cas de décès de la patiente, le conjoint/la conjointe ne pourra pas utiliser les ovocytes congelés pour un projet parental post-mortem. Il s’agira alors de faire le choix de la destruction ou d’un don anonyme de ces ovocytes.
Je donne, je reçois
la préservation de la fertilité masculinevoir plus
Chez l’homme, les traitements du cancer peuvent avoir un effet direct sur sa fertilité, diminuant de façon plus ou moins importante la production de spermatozoïdes. Pour la préserver, il s’agira donc de prélever et conserver ses spermatozoïdes. Comme pour les femmes, ces dispositifs doivent être mis en place avant de débuter tout protocole de soins dont la toxicité peut endommager les spermatozoïdes du patient.
Plusieurs techniques existent pour la préservation de la fertilité masculine. Elles seront discutées au cas par cas au sein d’une équipe multidisciplinaire du Centre d’Étude et de Conservation des Œufs et du Sperme humain (CECOS) de votre région, pour envisager les options possibles, avant d’assurer avec vous la consultation d’oncofertilité. Ces techniques peuvent vous être proposées selon votre situation personnelle (âge, situation, etc.) et médicale (fièvre, douleurs, etc.) si vous désirez préserver votre fertilité.
Selon le type de traitement et la localisation de la tumeur, deux dispositifs sont proposés pour préserver la fertilité de l’homme pubère :
- Le recueil de sperme par auto-masturbation, pour congélation des spermatozoïdes obtenus.
- La biopsie testiculaire sous anesthésie, avec extraction de spermatozoïdes ou de tissu testiculaire (ONCO-TESE – TEsticular Sperm Extraction), pour congélation.
En pratique, chaque patient doit prendre rendez-vous au CECOS, centre spécialisé autorisé à congeler et conserver le sperme. Le patient est reçu par un praticien du centre, qui lui explique comment se déroule le prélèvement, la congélation, la conservation et l’utilisation ultérieure des paillettes. Le patient peut poser toutes les questions qu’il souhaite pour posséder toutes les informations nécessaires à sa décision.
S’il y a consentement du patient à la démarche, il s’agira alors d’ouvrir un dossier spécifique dans lequel seront compilés à la fois les résultats de prises de sang récentes (sérologies HIV 1&2, hépatites B et C, syphilis), le consentement et contrat signés ainsi que la copie de la pièce d’identité du patient. Concrètement, le sperme est recueilli par auto-masturbation au CECOS. L’intimité du patient est garantie lors du prélèvement. Il est recommandé, avant prélèvement, de respecter un délai d’abstinence sexuelle d’au moins 3 jours. Si le prélèvement n’était pas concluant, la solution alternative serait alors la biopsie testiculaire.
Par la suite, chaque année, le patient recevra un courrier lui demandant s’il souhaite poursuivre ou non la conservation de ses paillettes de sperme. En cas de déménagement, il est important de donner sa nouvelle adresse au CECOS qui conserve vos paillettes. Au-delà de 5 ans, il vous sera demandé une participation financière
Pour information, en post-traitement, il vous est possible de faire appel au don de sperme si vous souhaitez avoir un enfant mais n’êtes plus fertile.
En cas de décès du patient, la conjointe/le conjoint ne pourra pas utiliser le sperme congelé pour un projet parental post-mortem. Il s’agira alors de faire le choix de la destruction ou d’un don anonyme de ce sperme.
Je donne, je reçois
je préserve la fertilité de mon enfant ou de mon adovoir plus
La préservation du potentiel de fertilité future a une importance toute particulière pour les jeunes patients atteints d’un cancer. Pour soigner la maladie, les traitements proposés peuvent être très toxiques pour leur organisme en plein développement. En tant que parents d’un enfant ou d’un adolescent touché par le cancer, il est essentiel que vous et votre enfant soyez informés des conséquences des traitements pour être à même de prendre ensemble les décisions les plus appropriées.
Le médecin traitant et les équipes des Centres d’Étude et de Conservation des Œufs et du Sperme humain (CECOS) sont à l’écoute des jeunes patients et de leurs parents pour vous informer et vous proposer un accompagnement à la préservation du potentiel de fertilité. Comme pour toute prise en charge d’un mineur, le consentement des parents est obligatoire, mais l’avis du jeune patient, quel que soit son âge, est pris en compte dans la décision finale.
Lise, 23 ans, en rémission d’un sarcome diagnostiqué en 2014 récidivant en 2017
Marie, 43 ans, maman d’Arthur, 4 ans, décédé d’un neuroblastome en 2013, diagnostiqué en 2011
Pour les petites filles et adolescentes pré-pubères dont la menstruation (avoir ses règles) n’a pas encore débuté, le dispositif de préservation de la fertilité féminine proposé est l’ovariectomie partielle ou totale pour congélation du tissu ovarien (voir chapitre “La préservation de la fertilité féminine” ci-dessus pour plus d’informations).
Pour les petits garçons et adolescents pré-pubères, le dispositif de préservation de la fertilité masculine proposé est la biopsie testiculaire pour congélation du tissu testiculaire (voir chapitre “La préservation de la fertilité masculine” ci-dessus pour plus d’informations).
En cas de décès de l’enfant, les parents ne pourront pas utiliser les gamètes prélevés et devront décider de leur destruction ou d’un don anonyme de ces gamètes (si cela est possible, compte tenu de l’âge de l’enfant).
Publication : septembre 2020
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